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L’importance de l’éducation morale et éthique dans une société laïque

  • Photo du rédacteur: Shayan Ramezani
    Shayan Ramezani
  • 5 avr.
  • 4 min de lecture



Une étude récemment publiée révèle une hausse alarmante des actes de violence commis par des jeunes en Allemagne. Cette évolution préoccupante soulève des questions fondamentales sur le rôle de l’éducation et des valeurs dans notre société. Quelles sont les causes de cette montée de l’agressivité, de l’indifférence et du manque d’empathie ? Et surtout : qu’est-ce qui fait défaut à l’éducation d’aujourd’hui pour enrayer de telles tendances ?


Une explication possible réside dans la négligence de l’éducation morale et éthique.


La morale et l’éthique sont deux notions étroitement liées, mais distinctes. Tandis que la morale concerne des valeurs personnelles et des comportements jugés acceptables dans un contexte social donné, l’éthique renvoie à une réflexion philosophique sur ces valeurs et normes. Une véritable éducation morale et éthique ne devrait donc pas se limiter à inculquer des valeurs, mais aussi permettre aux enfants et aux jeunes de développer une pensée éthique, c’est-à-dire la capacité de questionner le sens et la portée des normes, et de les appliquer avec discernement dans différents contextes.


Malgré son importance, cette dimension de l’éducation est souvent négligée dans les sociétés occidentales contemporaines. L’un des facteurs majeurs en est la perte de repères religieux dans les sociétés laïques. La religion jouait autrefois un rôle central dans la transmission des valeurs morales. Avec le recul de son influence, l’éducation morale a elle aussi perdu en visibilité et en priorité.


Cela dit, confier entièrement l’éducation morale aux institutions religieuses n’est pas non plus sans risques. Trop souvent, la transmission des valeurs s’y fait par le biais de la peur ou de la culpabilité : l’enfant apprend à se conformer à des normes sous la menace implicite d’un Dieu punisseur. Ce type d’approche produit un rapport malsain à la morale, où l’on agit par crainte du châtiment plutôt que par conviction ou empathie. Il est donc urgent d’adopter une autre approche.


Le manque de modèles et le risque de manipulation


L’éducation morale ne saurait être efficace sans modèles inspirants. Les enfants et les jeunes ont besoin d’exemples concrets autour d’eux – des personnes qui incarnent des valeurs comme l’honnêteté, la compassion ou le sens des responsabilités. Ces valeurs ne s’enseignent pas uniquement dans les manuels, elles se transmettent avant tout par l’exemplarité des adultes.


Or, dans bien des sphères de la société actuelle, les modèles authentiques font cruellement défaut. Quand les jeunes ne trouvent pas de repères positifs dans leur entourage, ils se tournent vers d’autres sources : réseaux sociaux, célébrités, voire idéologies problématiques. Sans une base solide de réflexion éthique, ils deviennent vulnérables à des influences qui affaiblissent leur capacité à juger de manière autonome.


Dans un monde où les informations circulent sans filtre et où les valeurs sont constamment remises en question, les jeunes doivent être armés pour penser par eux-mêmes, avec lucidité et esprit critique.


Des approches modernes pour une éducation morale et éthique


Les recherches récentes en psychologie de l’enfant soulignent l’importance du développement moral et spirituel, tout en appelant à dépasser les anciens dogmes religieux. Les études montrent que les enfants s’épanouissent lorsqu’ils développent un sentiment de sens, de connexion aux autres et de réflexion éthique – à condition que ces éléments soient cultivés à travers l’empathie, la pensée critique et la capacité de discernement, et non à travers des structures rigides parfois en décalage avec les valeurs contemporaines.


Le défi pour l’éducation moderne est donc de proposer une orientation morale qui favorise l’autonomie, la conscience de soi et le sens des responsabilités – sans recourir à des doctrines fondées sur la peur.


Un exemple d’approche actuelle et constructive se trouve dans les principes du bahaïsme. L’éducation d’inspiration bahá’íe promeut l’harmonie entre science et religion, l’unité de l’humanité, ainsi que des vertus telles que la justice, la bienveillance et la sincérité. Elle cherche à éveiller chez les enfants une conscience morale libre, sans leur imposer de dogmes. Plutôt que de s’appuyer sur la punition ou la peur, elle invite les jeunes à explorer les questions éthiques à travers le dialogue, la réflexion et le service à autrui.


Cette approche rejoint les acquis les plus récents des sciences humaines, qui montrent que les enfants développent un meilleur sens moral lorsqu’ils évoluent dans un climat de confiance, de respect et de questionnement.


Conclusion


Une éducation morale contemporaine ne devrait pas reposer uniquement sur des doctrines religieuses, mais mettre en avant des principes éthiques universels comme l’empathie, la justice et la responsabilité. La morale ne doit pas être perçue comme un ensemble rigide de règles imposées par la crainte d’une sanction divine, mais comme une base indispensable pour une vie collective harmonieuse.


Cela suppose une société capable de fournir aux jeunes des repères clairs et des modèles dignes de confiance. Sans cela, ils risquent de se perdre dans un monde d’influences contradictoires.


C’est seulement par une telle approche que les générations futures pourront développer une boussole morale solide – fondée non pas sur la peur ou l’obéissance aveugle, mais sur la raison, la réflexion et la compassion.


Fari

Kehlen – Luxembourg

04 avril 2025

 
 
 

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